Nos actualités

La Réunion : un modèle pionnier de protection fœtale contre l’alcool – une source d’inspiration pour la France, l’Europe et le monde.

Lors du 9ᵉ Congrès international sur la recherche des troubles causés par l’alcoolisation fœtale (20-23 mars 2025) à Seattle, SAF France a présenté les conclusions de son étude menée en 2023 par OpinionWay. Cette analyse offre un état des lieux détaillé des connaissances sur le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) et des comportements de consommation d’alcool pendant la grossesse chez les parents d’enfants de moins de trois ans, en métropole et dans les territoires d’outre-mer.
La présentation s’est tenue devant l’ensemble des participants du congrès, venus du monde entier pour discuter des avancées en matière de recherche et de prévention des troubles causés par l’alcoolisation fœtale.

Une prise de conscience inégalée sur l’Île de La Réunion

L’étude met en évidence un contraste frappant entre l’île de La Réunion et le reste de la France en matière de sensibilisation et de comportements liés au SAF. Les parents réunionnais possèdent une compréhension nettement plus approfondie des Troubles du Spectre de l’Alcoolisation Fœtale (TSAF) par rapport à ceux de la métropole et des autres territoires ultramarins. De plus, la consommation d’alcool pendant la grossesse y est significativement plus faible sur l’île.

Les données montrent que 27 % des femmes enceintes en métropole déclarent avoir consommé de l’alcool en sachant qu’elles étaient enceintes, contre seulement 7 % à La Réunion. À l’inverse, dans les autres départements d’outre-mer, ce taux est plus élevé, atteignant environ 30 %. Ces comportements persistent malgré une large reconnaissance des effets nocifs de l’alcool sur le fœtus dès le premier verre.

Par ailleurs, la sensibilisation au SAF est globalement élevée en France : 74 % des répondants en métropole et 78 % dans les DROM déclarent en avoir entendu parler. Toutefois, La Réunion se démarque avec un taux de 86 %, démontrant non seulement une reconnaissance plus large du SAF et des autres TSAF, mais aussi une compréhension plus approfondie de ces troubles. Au-delà de la simple sensibilisation, les répondants des territoires ultramarins montrent une meilleure connaissance des multiples formes des TSAFS, notamment de leurs manifestations cognitives et comportementales.

Certaines régions restent particulièrement concernées par la consommation d’alcool pendant la grossesse, avec des taux supérieurs à la moyenne nationale : 38 % en Île-de-France, 36 % en Martinique, 33 % dans le Grand-Est et 31 % en Guadeloupe.

À l’inverse, des territoires comme le Centre-Val de Loire (16 %) et l’Occitanie (18 %) affichent des taux plus faibles, témoignant de disparités notables selon les régions.

Les raisons sous-jacentes et les initiatives de soutien

L’addiction est identifiée comme la principale raison de la consommation d’alcool pendant la grossesse, aussi bien en France métropolitaine (57 %) que dans les DROM(64 %). Le manque de connaissances sur les conséquences de l’alcoolisation prénatale est également un facteur important (52 % en métropole et 62 % dans les DROM). Ce dernier point suggère que les parents interrogés considèrent que la sensibilisation autour du syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) reste insuffisante.

C’est pour répondre à cette problématique – celle des femmes victimes de l’alcool, pour qui la consommation n’est pas un choix – que SAF France (Ex-RÉUNISAF) a créé le « Cœur de Réseau ». Récompensé par le prix de l’Académie Nationale de médecine de lutte contre l’alcoolisme en 2005, ce dispositif propose un accompagnement de proximité aux familles biologiques vulnérables aux consommations d’alcool durant la grossesse. Grâce à cet accompagnement global, 75 % des femmes suivies ont réussi à réduire, voire arrêter, leur consommation d’alcool.

Le « Cœur de Réseau » a également été distingué en 2004 par le Prix de la Bientraitance du Ministère de la Famille et de l’Enfance (DGAS).

A noter également que la pression sociale joue un rôle important pour 26 % : certaines femmes enceintes déclarent avoir du mal à refuser un verre, en particulier en début de grossesse, avant d’annoncer leur état, ou dans un contexte professionnel. La consommation d’alcool étant profondément ancrée dans les comportements collectifs et perçue comme un marqueur de socialisation, il peut être difficile de s’en affranchir.

L’importance d’une information adaptée et préventive

À travers ses résultats, un besoin essentiel est exprimé par les répondants : être mieux informés sur les risques liés à la consommation d’alcool pendant la grossesse.

Aujourd’hui, les professionnels de santé demeurent la principale source d’information sur le SAF en métropole, Martinique, Guadeloupe et Guyane, avec 70 % des parents en métropole et 64 % dans les outre-mer qui se reposent sur eux pour disposer des informations nécessaires sur le sujet.

Paradoxalement, une étude de 2021 réalisée par Opinionway pour SAF France révèle que près d’un tiers des médecins généralistes n’évoque pas systématiquement l’alcool lors des consultations prénatales.

À la Réunion, les médecins ne semblent n’être qu’une source d’information secondaire. Les Réunionnais puisent leurs informations essentiellement via les témoignages et les médias. Ce résultat coïncide avec le développement de la prévention de l’alcoolisation fœtale sur le territoire dont les premiers jalons ont été le témoignage des mamans biologiques.

L’étude souligne également la nécessité d’une sensibilisation précoce : 75 % des parents en métropole et 90 % dans les DROM estiment que l’école est le vecteur privilégié pour aborder ces questions, du primaire au lycée.

SAF France répond à ces attentes en déployant des actions de sensibilisation grand public (SAFTHON, Tables Jaunes) et des sessions de formation spécifiques pour les professionnels et de sensibilisations pour les jeunes, directement dans les établissements scolaires.

Les résultats montrent également l’efficacité de l’information diffusée par les témoignages et les médias comme levier de prévention. Ces outils sont au cœur de la stratégie de communication de SAF France, convaincue que rien n’est plus percutant pour sensibiliser au SAF que la parole des personnes directement concernées. Cette approche contribue également à briser les tabous autour de l’addiction à l’alcool chez les femmes, souvent liée à des situations de violences intra-familiales (passées ou présentes), qui favorisent la naissance d’enfants atteints du SAF ou de TCAF.

C’est pourquoi SAF France s’appuie régulièrement sur les médias, les récits de mères biologiques et le témoignage de ses ambassadrices atteinte du SAF, afin de mieux sensibiliser le public et faire connaître l’ampleur de ce fléau.

Le rôle du soutien familial et des alternatives sans alcool

En dernier lieu, l’étude souligne également l’importance du soutien du conjoint : 53 % des partenaires en France métropolitaine et 49 % dans les DROM ont diminué leur propre consommation pendant la grossesse, et 30 % en moyenne ont proposé des alternatives sans alcool à leur partenaire enceinte. En métropole, 50 % des femmes interrogées, connaissant ces boissons alternatives, en ont consommées, contre 34 % dans les départements et territoires d’outre-mer.

Un modèle de prévention reconnu sur le long terme

Ainsi, malgré l’obligation depuis 2007 d’afficher un avertissement sur toutes les bouteilles d’alcool (logo indiquant que l’alcool est dangereux pendant la grossesse) et des lois sur la mise en place de campagnes de sensibilisation, l’intégration de cette problématique dans l’éducation scolaire et la formation des professionnels, plus d’un quart des femmes enceintes ne respectent toujours pas la recommandation du « zéro alcool » pendant la grossesse, le plus souvent par manque d’information sur les risques encourus.

Depuis 30 ans, La Réunion déploie des actions majeures avec l’ambition de faire évoluer les comportements et les mentalités. C’est chose faite : autrefois le territoire français le plus touché par le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF), l’île de La Réunion est aujourd’hui un modèle en matière de prévention et de protection des enfants à naître.

Ce modèle unique, qui a déjà permis d’épargner environ 1 000 enfants en seulement sept ans, repose sur 3 niveaux de prévention :

  1. Prévention primaire : Sensibilisation du grand public, des professionnels et des écoles pour diffuser une information claire et accessible.
  2. Prévention secondaire : Accompagnement des familles vulnérables grâce au Cœur de Réseau, qui optimise les dispositifs sanitaires, sociaux, scolaires et judiciaires.
  3. Prévention tertiaire : Développement de centres Ressources TCAF, dédiés au diagnostic, à la formation et à l’accompagnement des personnes concernées.

 

Grâce à cette stratégie globale, La Réunion est devenue une référence en matière de lutte contre l’alcoolisation fœtale, prouvant qu’un engagement soutenu et des actions ciblées peuvent véritablement faire reculer ce fléau.

Méthodologie

Cette étude réalisée auprès de 1001 parents d’enfants de moins de 3 ans résidant en métropole, de 505 parents d’enfants de moins de 3 ans résidant dans les DROM, un panel représentatif des territoires évalués. Les questionnaires auto-administrés en ligne (Computer Assisted Web Interview) ont été réalisées du 18 juillet au 1er août 2023 pour l’échantillon métropolitain et du 18 au 26 juillet 2023 pour l’échantillon ultramarin.

Postes similaires

SAF France appelle à une action nationale pour prévenir l’alcoolisation foetale et ses conséquences sur la santé mentale
SAF France appelle à une action nationale pour prévenir l’alcoolisation foetale et ses conséquences sur la santé mentale

SAF France s'engage résolument dans un projet ambitieux visant à réduire significativement l'incidence du Syndrome d'

Une nouvelle étude révèle un engagement des pères français dans la lutte contre l’alcoolisation fœtale
Une nouvelle étude révèle un engagement des pères français dans la lutte contre l’alcoolisation fœtale

SAF France s'engage résolument dans un projet ambitieux visant à réduire significativement l'incidence du Syndrome d'

Divergences majeures dans les études sur la consommation d’alcool pendant la grossesse
Divergences majeures dans les études sur la consommation d’alcool pendant la grossesse

SAF France s'engage résolument dans un projet ambitieux visant à réduire significativement l'incidence du Syndrome d'